La baie d’Ungava est une grande étendue d’eau peu profonde qui recouvre environ 50 000 kilomètres carrés au Nunavik, le territoire inuit du nord du Québec, et compte beaucoup d’espèces sauvages, de poissons et d’oiseaux. Se trouvant au sud du détroit d’Hudson et à l’ouest des monts Torngat au Labrador, la baie d’Ungava a une profondeur de seulement 150 mètres et regorge de petites îles et d’anses.

L’hiver, la baie est recouverte de glace de première année épaisse et fragmentée. L’été, la baie est dégagée et connaît certaines des marées les plus élevées au monde, y compris une marée de 17 mètres à la baie aux Feuilles.

Un écosystème arctique important

Comme c’est le cas avec le reste de l’Arctique, l’écosystème riche de la baie subit des pressions importantes attribuables au changement climatique. En outre, les aménagements hydroélectriques régionaux qui alimentent les grandes villes nord-américaines influencent les conditions locales de glace et d’eau.

La baie d’Ungava compte six des 14 collectivités du Nunavik, notamment Kuujjuaq, le plus gros village du Nunavik, qui s’étend dans l’extrémité sud de la baie le long de la rivière Koksoak. Les Inuits qui demeurent à cet endroit dépendent des richesses naturelles de ces eaux, exploitant le béluga, l’ours polaire, l’omble chevalier, le phoque, les palourdes, les moules et beaucoup d’autres organismes marins dans les plus petites baies de la baie d’Ungava. Plusieurs pourvoyeurs touristiques, plus particulièrement les pêcheurs à la mouche, ont reconnu la riche beauté de la baie d’Ungava, et celle-ci est une destination populaire pour les visiteurs.

La baie compte le plus grand nombre de guillemots de Brünnich reproducteurs au Canada, ainsi que d’importantes colonies d’oiseaux marins, des aires de nidification d’eiders et des habitats d’alimentation. L’omble chevalier vient se nourrir dans ces eaux l’été, et les ours polaires s’y reproduisent et y élèvent leurs petits. Une population de bélugas en voie de disparition, estimée à moins de 100 baleines, passe du temps dans la baie d’Ungava pendant les saisons d’eaux libres. La baie est considérée comme un écosystème arctique important en vertu d’une gamme de processus de planification relative à la conservation des Inuits et du gouvernement fédéral.

Menaces à la baie

Le changement climatique ainsi que les projets d’hydroélectricité qui ont construit des barrages sur de grandes rivières ont des incidences sur l’écosystème et la glace marine de la baie. La population de bélugas figure actuellement sur la liste des espèces menacées du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Le déclin de cette population a commencé à la fin du 19e siècle et au commencement du 20e siècle en raison de la pêche à la baleine commerciale. Son nombre ne s’est pas rétabli en raison de modifications de l’habitat, notamment les grands barrages en rivière, les bruits des navires, le dragage et les activités industrielles. De plus, le tourisme et l’exploitation minière du fer sont susceptibles de faire accroître la circulation de navires dans cette région, ce qui pose un risque pour son écosystème marin. Chacune de ces menaces pourrait nuire au mode de vie, à la culture, aux traditions et à l’exploitation des ressources fauniques aux fins de la subsistance des Inuits dans la baie.

Initiatives de protection

Océans Nord soutient les intérêts des Inuits du Nunavik à l’égard de la conservation de cette région dans le cadre de l’engagement du gouvernement fédéral visant à protéger au moins 10 % des océans du Canada d’ici 2020. Nous travaillons en collaboration avec les organismes de revendications territoriales inuits du Nunavik afin d’entamer un dialogue avec le gouvernement fédéral concernant de potentielles zones de protection marine qui devraient être définies dans la région marine du Nunavik.

Dans la baie d’Ungava, Océans Nord documente les connaissances d’experts locaux concernant la façon dont les mammifères, les poissons et les invertébrés utilisent l’environnement marin à la lumière de préoccupations relatives aux répercussions des activités d’exploitation minière et de navigation proposées. Le projet examine la façon dont les espèces interagissent avec leur habitat au cours de leur cycle de vie et dans différentes saisons, particulièrement dans les zones d’activités d’exploitation des ressources fauniques essentielles aux fins de la subsistance. Une fois recueillis, ces renseignements pourraient être utilisés dans le cadre des efforts de conservation marine. En outre, Océans Nord soutient l’avancement des options de conservation marine dirigées par les Inuits dans la région marine du Nunavik.